Les origines de la Neuroscience

 

L’étude du cerveau connait son premier élan dès l’antiquité. Des traces de trépanations nous confirment les écrits liés aux premiers questionnements des philosophes et médecins Acméon de Crotone, Hippocrate, Socrate, Platon, notamment.

histoire du cerveau leonard de vinci

Se créer des courants de pensées ou concepts sur la provenance de l’esprit, la pensée, la conscience, la place et le rôle du cerveau…

Hippocrate se base sur le principe des 4 éléments naturels (air – terre- feu – eau), qui correspondent au chaud – froid – humide et sec. Ces éléments se retrouvent selon lui dans chaque être humain.

Aristote pense que le cerveau sert à réguler la température du sang, réchauffé par les émotions. 

L’esprit, pour lui, émane du cœur.

GALIEN, VESALE, VINCI : anatomistes disséqueurs

Galien, quant à lui, s’est intéressé à l’anatomie propre au cerveau. En disséquant des cadavres, il extrapole et établit le parcours de l’influx nerveux cérébral jusqu’au muscle commandé.

Il distingue 4 tempéraments humains complémentaires à ceux d’Hippocrate, à savoir :

  • Les sanguins (chaleureux aimables)
  • Les flegmatiques (lents apathiques)
  • Les mélancoliques (tristes, déprimés)
  • Les colériques (réactifs)

Galien répartit l’esprit entre le cerveau (siège de l’intelligence et des sensations), le cœur (esprits vitaux reliés à la pulsation cardiaque et artères) et le foie (esprit naturel aux commandes de la nutrition, digestion…)

Galien décrit également deux premières parties du cerveau :

  • Le cerveau des sensations ou encéphale
  • Le cervelet, partie cérébrale dédiée à l’action musculaire

Léonard de Vinci fit de nombreux croquis de l’anatomie du cerveau, suite à des dissections sur divers corps humains.

thomas willis et cerveau

André VESALE, anatomiste de la renaissance, s’est autorisé également des dissections sur des cadavres volés dans les cimetières. Ces actes, déjà interdits à l’époque, ont permis une avancée de taille : l’identification de substance blanche et grise, de la glande pinéale, et autres zones cérébrales.

Le cerveau interpelle et divise au 17ème siècle

René Descartes sera influencé par les découvertes en mécanique des fluides. Il décrira un concept dualiste « corps/esprit ». Les humeurs seront gardiennes des fonctions physiques tandis que dieu gouverne les fonctions mentales.

A la renaissance, la sortie de l’obscurantisme permet une libération des mentalités prêtes à intégrer de nouvelles croyances opposantes.

condillac et sensations

C’est Thomas WILLIS qui nommera sous le terme de « neurologie » l’étude du système nerveux, et le système vasculaire du cerveau.

Julien Onfray de la Mettrie soulèvera un débat qui revient, d’ailleurs, sur la scène actuelle des neurosciences. Il pense que le cerveau produit la pensée, comme le foie produit la bile. Il sera évidemment condamné par l’Eglise. Il ne sera jamais reconnu en son temps.

Cette théorie matérialiste du cerveau déplaît encore fortement aujourd’hui.

Locke reprend les travaux de DE LA METTRIE. Pour Locke, à la naissance, l’âme est vide. Cette dernière ne se structure qu’après expériences. Ainsi les objets extérieurs taillent le fonctionnement cognitif comme une pierre.

CONDILLAC son « successeur » ira jusqu’à réfuter l’idée d’une pensée innée et argumentera la thèse binaire des sensations « peine et plaisir » comme signal premier de nos pensées. Pour lui, le cerveau complexifie ce système binaire des opposées par la suite. Ainsi l’’appareil cérébral se façonne en triant, analysant et combinant les différentes réponses à ces apports externes. CONDILLAC trouve rôle structurant au langage. Ce dernier créé ou module des LIENS (soit renforcés, soit affaiblis) au travers du résultat « plaisir et déplaisir ». Le langage devient une particularité propre à l’homme, qui le différencie du monde animal.

Un cerveau électrique

Luigi GALVANI, fin 18ème siècle, introduit l’idée d’une transmission électrique présente et démontrable dans le cerveau. Le test des cuisses de grenouille confirme sa thèse. Il nomme cette découverte « électricité animale »

Ephémère PHRENOLOGIE

La phrénologie fait  son entrée tout début du 19ème siècle, avec notamment le médecin FJ.GALL.

Ce dernier défendra l’idée d’une lecture précise des facultés mentales révélées par la présence de reliefs crâniens (protubérances et dépressions osseuses). La bosse des maths est un des neuro-mythes de cette époque.

La phrénologie aura de fidèles adeptes mais avortera les siècles suivants face aux rigueurs de la démarche scientifique. Cependant cette pseudo-science ouvrira la voie du compartimentage du cerveau corrélé aux différentes fonctions cognitives.

Des découvertes fondamentales du 19 ème siècle

étude cerveau cas de phinéas GAGE

Le cas exceptionnel de Phinéas GAGE viendra, dès 1848, apporté sa contribution notable au fonctionnement cérébral. Une barre de mine lui traverse le crâne, il survit, garde des aptitudes mais change profondément de personnalité. John Martyn Harlow s’y intéressera et produira des rapports qui alimenteront les approches de la psycho-neurologie naissante.

Paul BROCA, vient à déduire, de l’aphasie d’un de ses patients, une zone corticale gauche associée au langage.

LAMARCK et DARWIN, en s’appuyant sur l’histologie des espèces prêcheront pour la théorie évolutionniste. Le cerveau reptilien est né ! Paul MacLEAN affirme l’existence du cerveau TRIUNIQUE qui se conçoit comme la superposition de mécanismes archaïques avec d’autres systèmes plus récemment encodés chez l’être humain.

C’est en 1817, que le médecin James PARKINSON découvre la pathologie qui portera son nom.

Camillo GOLGI identifiera les neurones par coloration des cellules, RY.CAJAL mettra en lumière la matrice neuronale, organisée en réseau, bien distincte du reste de l’organisme.

Cerveau et comportements : début de la psychanalyse

JM CHARCOT, pratiquant l’hypnose, ouvre la clinique de la Salpétrière, où Sigmund FREUD étudiera ses jeunes années. CHARCOT décrira plusieurs pathologies cognitives telles que la SEP (sclérose en plaque) et la maladie de CHARCOT.

Hystérie Freud

Pierre JANET fournira une étude approfondie sur l’hystérie, la psychose obsessionnelle. Sigmund FREUD devient le père fondateur de la psychanalyse.

FREUD emploiera l’hypnose comme traitement de l’hystérie, et travaillera à cerner les mécanismes du refoulement cognitifs et ses symptômes, arguant que des pensées inconscientes sont à l’origine de la santé mentale et psychique.

Jusqu’en 1976, Wilder PENFIELD, neurologue et chirurgien au Canada, œuvre sur l’épilepsie. Il en extrait une concordance entre plusieurs zones du cerveau et les fonctionnalités cognitives. Il fonde l’Institut de Neurologie à Montréal. Il s’intéressé au lien entre le cerveau organique et l’esprit.

Les hémisphères cérébraux se connectent

C’est avec Roger Wolcott SPERRY, neurophysiologiste contemporain, que le concept de connexion entre les 2 hémisphères, gauche et droite, du cerveau est mis en exergue.

Ce dernier définira des fonctions localisées selon les hémisphères, tels que le jugement de valeurs, la perception du langage, le raisonnement et l’affectivité. SPERRY introduit l’idée que le cerveau est façonné par la conscience et non l’inverse. Il prêtera un grand intérêt à l’incroyable plasticité du cerveau.

connexion cerveau gauche et droite

 

Fonction du sommeil

Michel JOUVET devient précurseur en matière de sommeil paradoxal. Il établit les cycles sommeil/veille positionnant ainsi le rêve.

 

Un cerveau rationnel ET émotionnel

Antonio DAMASIO neurologue américain établit clairement la gestion des émotions dans les décisions rationnelles. Il démontre que le cerveau N’est pas QUE le raisonnement et s’appuie sur l’émotivité pour un fonctionnement optimal. Il prouve que l’émotion modèle le jugement et la réflexion, et ce même lorsqu’il traite de l’éthique.